Dossier TDAH & Alimentation - Ce que la science en dit – Chloé Brassard Dt.P

mars 4, 2023

Écrit par Chloé Brassard

Dossier TDAH & Alimentation - Ce que la science en dit

À l’ère où de plus en plus d’informations circulent à propos de l’alimentation des enfants, particulièrement ceux portant un diagnostic de maladie chronique, il importe de faire un peu de ménage sur ce qu’on peut trouver sur le web. C’est particulièrement le cas de l’alimentation et du TDAH. Voici donc une brève synthèse des données actuelles et fiables concernant l’alimentation des enfants vivant avec le TDAH!

Qu'est ce que le TDAH?

Mieux connu sous le nom du déficit d’attention ou du TDAH, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité est un trouble de comportement où l’on peut retrouver de l’impulsivité, de l'inattention et de l’hyperactivité. Le degré des manifestations du trouble varie d’un enfant à un autre, mais il est important de comprendre que leur cerveau fonctionne différemment. C’est pourquoi plusieurs d’entre eux auront de la difficulté à porter une attention particulière aux détails, à prioriser certaines tâches, rester calme et à se concentrer à l’école, etc (1). Cela dit, chaque enfant est différent!

Peut-ton guérir le TDAH avec l'alimentation?

Le TDAH n’est pas un trouble auquel il faut à tout prix trouver un remède. L’alimentation (même les multiples diètes populaires restrictives) ne peut donc pas guérir le TDAH. Cela dit, ces enfants peuvent éprouver des difficultés à l’école ou à la maison, d'où l’importance d’atténuer les symptômes par la médication ou de moduler leur environnement pour pallier aux difficultés rencontrées. C’est là où l'alimentation entre en jeu, principalement pour assurer une croissance optimale et une relation saine avec la nourriture. Il est donc faux de penser qu’il existe une diète spécifique pour le TDAH.

Diète cétogène

Il existe actuellement peu de données probantes 💡 concernant la diète cétogène chez ces enfants pour réduire les symptômes et difficultés rencontrées. Les données actuelles sur l’efficacité de cette diète concernent jusqu’ici seulement les enfants vivant avec l’épilepsie (2) ou sur les animaux (3). Il faut aussi garder en tête que cette diète nécessite le retrait de plusieurs aliments (fruits, certains légumes, produits céréaliers à grains entiers entre autres) qui sont remplis de nutriments essentiels pour la croissance des enfants. Des effets négatifs peuvent aussi être observés, dont la fatigue, une irritabilité, des maux de tête, des nausées et des difficultés de sommeil (4).

Diéte d'élimination, hypoallergène ou sans colorant

La diète restrictive GASP (5) est bien populaire sur le web et consiste à retirer de l’alimentation de l’enfant plusieurs aliments soi-disant inflammatoires ou toxiques, dont le gluten, les produits laitiers, les sucres ajoutés, le soya et les aliments transformés. Cependant, aucune étude scientifique à ce jour ne prouve l’efficacité de cette diète. De plus, les enfants avec un TDAH ont souvent tendance à être très sélectif à table. Retirer plusieurs aliments de leur alimentation les mets donc plus à risque de carences en raison de la faible variété d’aliments consommés (6).

En ce qui a trait aux colorants alimentaires, la croyance comme quoi qu’éviter ces derniers pourraient réduire les symptômes du TDAH est bien populaire. Cela dit, les études actuelles ne démontrent pas de réel bienfait à les éliminer (7). Il se pourrait qu’un enfant ait une intolérance aux colorants alimentaires et ait aussi un TDAH, mais ça ne veut pas nécessairement dire que l’intolérance est un symptôme du TDAH. Les deux peuvent coexister sans être reliés (6). L’effet nocebo est aussi très fort : si on croit qu’un ingrédient empire les symptômes, on a plus de chances d’observer un aggravement des symptômes, sans que ce soit réellement le cas (8).

Risque de carences

Les enfants avec un TDAH ont tendance à avoir des taux sanguins plus bas de fer, zinc et magnésium (9). Il est donc important d’offrir fréquemment des aliments qui en contiennent. De manière générale, une alimentation variée et colorée permet de minimiser les risques de carences.

Aliments riches en fer : viande, poisson, graines de citrouille, oeufs, légumineuses, céréales pour bébé
Aliments riches en zinc : fruits de mer, viande, oeufs, produits laitiers, graines de citrouille, légumineuses
Aliments riches en magnésium : noix, graines, légumineuses

Oméga-3

Les acides gras oméga-3, soit l’EPA et le DHA, jouent un rôle crucial dans le fonctionnement du cerveau. Puisque les enfants vivant avec un TDAH ont des taux plus bas ou des besoins plus élevés en oméga-3, il importe d’en consommer en quantité suffisante dans l’alimentation. C’est donc pour ça qu’on recommande de manger un repas de poisson au moins 2x par semaine.

Aliments riches en oméga-3 : poissons gras (thon, saumon), oeuf enrichis en oméga-3, produits laitiers, noix de Grenoble, graines de chia/ lin/ chanvre, edamame, tofu et autres produits de soya, huile de lin et de canola

En ce qui a trait aux suppléments, les résultats sont mitigés. Cela pourrait être bénéfique chez certains enfants (10, 11), mais on n’observe pas de meilleurs résultats chez ceux qui en consomment assez via leur alimentation (12). En cas de doute, mieux vaut consulter un professionnel de la santé.

L'importance de la routine

Les routines sont très importantes, particulièrement chez les enfants avec un TDAH. Cela permet de limiter l'imprévisibilité aux repas, facilitant ainsi des apports adéquats et un environnement agréable aux repas. La routine n’a pas besoin de se limiter seulement aux repas. Avoir une routine pré-dodo permet aussi de favoriser un meilleur sommeil.

Astuces pour une routine pré-repas

Faites leur faire une courte activité avant de passer à table pour leur dépenser un peu d’énergie : mini-trampoline, 3 tours du salon à la course, 10 jumping-jack, etc.
Utiliser des pictogrammes pour indiquer clairement la routine pré-repas. On peut même l’afficher sur le réfrigérateur. Plusieurs exemples de pictogrammes et de routines sont disponibles gratuitement sur le web. Les pictogrammes facilitent beaucoup la tâche aux enfants, particulièrement ceux avec un TDAH.
Aux repas, prendre l’habitude de minimiser les distractions afin que l'enfant puisse calmement se concentrer sur son repas.

Comment nourrir mon enfant qui vit avec un TDAH

Offrir une alimentation saine et variée
Limiter les interdits alimentaires
Avoir une offre alimentaire constante. Ces enfants font souvent face à de l’indécision vis-à -vis quels aliments manger (6). En s’assurant d’avoir plusieurs options de collations saines dans le réfrigérateur et dans le garde-manger, on favorise des apports optimaux.

Sucre et hyperactivité?

Des apports quotidiens élevés en sucre et en breuvages sucrées sont associés à de plus grands symptômes du TDAH (13). Cela dit, les aliments très sucrés (boissons gazeuses, biscuits, sucreries, bonbons, etc.) font partie d’une alimentation saine et normale. Il ne faut pas les interdire totalement, mais simplement les offrir une fois de temps en temps. Quant aux autres sources de glucides (fruits, produits céréaliers de grains entiers, légumineuses, certains légumes, etc.) il est important de les offrir quotidiennement, puisqu’ils regorgent de nutriments nécessaires à la croissance de l’enfant.

Gestion de la médication

Les médicaments prescrits pour aider les enfants à mieux vivre avec le TDAH ont fréquemment un effet commun : celui de couper l’appétit! Il importe donc de trouver des stratégies appropriées au contexte familial et individualisées à l’enfant afin de s’assurer d’une croissance et d’un développement optimaux! Pour ce faire, consulter un professionnel de la santé est fréquemment conseillé.

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Lexique 💡

Données probantes : «Données de recherche fiables ou valables retenues à la suite de l’analyse d’une grande quantité de recherches» (14), c'est-à-dire des données avec de grandes évidences scientifiques.